jeudi 28 avril 2016

Zombi – Joyce Carol Oates – Livre de poche



Ne vous fiez pas au titre de ce livre. Contrairement à ce que vous pourriez penser, il ne s’agit pas d’une histoire de morts-vivants à classer dans le même registre que Walking Dead, mais d’une histoire de Serial Killer.

L’histoire de Quentin, racontée de l’intérieur. Peut-être l’intérieur de son esprit dérangé, ou bien par l’intermédiaire de son journal intime. Difficile de trancher, mais une série de petits croquis émaillant le récit me font pencher pour la deuxième hypothèse.

Une histoire glaçante, écrite au scalpel. Une écriture quasi clinique. J’ai été surprise, au début, par la typographie. Le fait que les « et » sont remplacés systématiquement par l’esperluette « & », mais aussi par la ponctuation parfois décalée par rapport aux codes classiques. Joyce Carol Oates entremêle dans ce récit, des phrases extrêmement longues, hachées par ces & qui accrochent le regard, et des phrases courtes, où le point final n’est pas toujours là où on l’attend. Ce travail sur la typographie rend la lecture inconfortable, mais c’est justement ce qui contribue à rendre compte de l’état de confusion dans lequel vit Quentin.. Elle accentue le malaise qu’on peut ressentir à la lecture de ce livre.

L’histoire, par elle-même et la raison du titre, je me garderais bien de vous les dévoiler. Vous découvrirez cela au fil des pages. Cependant, si vous imaginez qu’un Serial Killer est un type vivant en marge de la société, vivant caché, loin de tous, vous risquez d’être surpris par Quentin.
Ce fils de notable est quelqu’un tout ce qu’il y a de plus ordinaire. Serviable, il s’occupe de tondre régulièrement le jardin de sa grand-mère, et de l’accompagner chez sa meilleure amie en lui servant de taxi. Il fait des études universitaires et semble parfaitement inséré socialement.

Au travers de cette sombre histoire, en transparait une autre, en filigrane. Celle d’une société où selon son statut social, la justice n’est pas la même. D’ailleurs, derrière le vernis social, n’y a t’il que Quentin qui cache de sombres secrets ?

La chronique Audio de ce livre, sur Radio Béton, c'est ici

jeudi 21 avril 2016

Haïku - Eric Calatraba

J’ai découvert l’écriture d’Eric Calatraba au travers du trophée Anonym’us. Sa nouvelle qui a fini en troisième position n’a laissé aucun membre du jury indifférent. J’ai été intriguée par son écriture et me suis penchée sur son roman Haïku. Je ne le regrette pas. Cela fait déjà plusieurs semaines que j’ai terminé ce livre et il laisse dans mon esprit son empreinte. Ce n’est pas le cas de tous les livres que j’ai pu lire… Hélas. 

Contrairement à ce que son titre pourrait laisser croire, Haïku n’est pas un roman contemplatif, nous invitant à la méditation. Il n’est pas non plus un recueil de poèmes japonais, odes à la nature. Non… Haïku sent le cuir, l’odeur du caoutchouc brûlé et du moteur encore chaud de l‘Hayabusa.  On y entend le crissement des pneux, le bruit des coups et des balles, ou celui plus discret, mais tout aussi efficace du Katana… 

Si Haïku est un roman dense, riche en actions, qu'on y trouve des personnages bien campés, avec une solide intrigue, il est loin de n’être que cela. Il nous fait voyager au travers des continents, entre l’Europe, la Russie et le Japon. Il nous invite à apprécier la philosophie que portent les arts martiaux, et notamment celle de l’aïkido. Mais ce qui, pour moi, le distingue de tant de romans d’action et de suspense qui eux aussi sont riches de ces ingrédients,  c’est la place des arts dans ce livre. Ils apportent au récit un surcroit de profondeur. Bien évidemment, il y a les haïkus, qui ont donné au récit son titre, mais plus encore la musique. La musique classique, les airs d'opéra qui ne sont pas là en fond, comme faire-valoir du roman, mais qui jouent dans ce roman un rôle essentiel.

Au final, j’ai eu souvent la sensation, non pas de lire un livre, mais d’être plongée dans un film riche en rebondissements. Un film avec son décor et avec sa bande son. Un livre qu’une fois commencé je n’ai pu lâcher avant la fin. Haïku est un livre haletant et j’espère qu’un jour il sera porté à l’écran. 

Ce roman peut être lu en version numérique pour un prix raisonnable. Vous pouvez le trouver ici : http://www.editionsdelondres./Haiku - Il peut également être commandé en version brochée publié aux éditions sudarènes (mais c'est plus cher). 

vendredi 15 avril 2016

A mort le chat ! Jeremy Bouquin

Avec ce livre vous allez embarquer dans un voyage qui va vous emmener des plus chics quartiers parisiens jusqu'au bled rural le plus paumé de France.

Vous avez intérêt à accrocher votre ceinture parce que le voyage est trépidant. L'écriture de Jérémy est alerte, pleine de punch et rend le récit vivant. 

Il faut dire que le héros de cette histoire est passablement déjanté, suffisamment pour accepter, alors même qu'il est végétarien, de faire du lobbying pour tenter de convaincre les français que les OGM, c'est super... Pour ce faire, il décide de descendre en province, à la recherche de l'homme providentiel, celui qu'il saura convaincre pour faire campagne.

On ne s'ennuie pas à le suivre dans cette sombre aventure qui va le mener des coulisses du pouvoir parisien à celles plus sordides encore d'un village paumé du sud de la France.

Et les chats, alors ? Hein ? Que viennent-ils faire dans cette histoire ?
Amoureux de nos amis à la douce fourrure et au ronronnement apaisant, si votre âme est trop sensible, accrochez-vous.  Ces pauvres bestioles vont passer un sale quart d'heure et vous risquez quelques haut-le-cœur. Si cela peut vous consoler, les chats ne seront pas les seuls de cette histoire à y laisser quelques plumes. Notre héros va lui aussi prendre sévère. Il faut dire qu'il va rencontrer de bien sombres personnages qui n'ont rien à envier, quant à leurs méthodes,  à celles, pour le moins expéditives des maffias les mieux organisées. Le garagiste de ce bled paumé, par exemple, aurait tout aussi bien pu être boucher.

jeudi 14 avril 2016

La falaise - Marie Delabos


Voilà un petit bouquin, plus proche du format novella que du format roman, dont j'aurais aimé qu'il soit plus long, car je me suis laissée emporter par la plume de Marie. Une plume légère et tendre, faite de douceur autant que de douleur.



Vous pouvez trouver ce roman aux éditions de Londres : http://www.editionsdelondres.com/La-falaise 

ou au format papier chez Sudarènes éditions, en le commandant via votre libraire ou en ligne.

Personnellement, je vous conseillerai la version numérique car le coût en est vraiment raisonnable.

C'est un récit tendre et déchirant. Un compte-à-rebours vers un événement redouté, que jusqu'au bout on se refuse à envisager, quand bien même il paraît inéluctable. Un livre plein d'émotion, mais dont les mots, s'ils racontent la douleur, le font avec retenue. Pas d'étalage de grands sentiments, pas de délectation à raconter l'évènement. Une écriture sobre et poétique. Pleine de pudeur.

Au final, ces pages que l'on tourne, l'air de rien, pèsent chacune de plus en plus lourd au fil du récit. Les signes de plumes se muent en signes de plomb.

Un livre que j'ai refermé, des larmes au bord des yeux, le cœur battant.